Xavier Mari
Nom de l'UMR ou de la structure
Mediterranean Institute of Oceanography (MIO) UMR 235
Email
xavier.mari@ird.fr
Ma fonction et/ou mon métier et/ou mon sujet de recherche
Chercheur
Etude de l'impact du Black Carbon en Asie du Sud-est
Adresse
USTH, 18 Hoang Quoc Viet
Ville
Hanoi
Votre thème d'atelier préféré
Exposome
Quels sont vos retours d’expériences sur des démarches multi, pluri, interdisciplinaires et partenariales (non académiques) : positifs, négatifs, atouts
Ce qui, à mon avis, doit animer la quête d'une approche multi, pluri, interdisciplinaire, est : d’un côté, l’identification d’une problématique clef devant répondre à un besoin de la société (identifié ou non par celle-ci), de l’autre, la prise de conscience que cette problématique dépasse largement les frontières de sa propre discipline.
Les compétences étant ailleurs, il faut aller les chercher, convaincre ses confères d'autres disciplines qu'une synergie est à la fois possible et souhaitable, afin que la problématique soit abordée efficacement dans sa complexité.
Si la problématique est déjà sur le devant de la scène, et que la société crie à l’urgence devant l’évidence (noter que la société réagit souvent par peur, face à des crises évidentes et facilement vendable médiatiquement), alors les robinets du financement sont ouverts, ce qui facilite grandement le montage d’un consortium multi, pluri, interdisciplinaire. Après tout, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Les troupes peuvent ainsi se réunir assez facilement sous la bannière de quelques mots clefs qui résonnent. Par contre, dans cette configuration, chacun essayant de se positionner sur ces thématiques porteuses, la compétition peut devenir féroce, et contre-productive.
Par contre, pour les problématiques moins « spectaculaires », ou émergentes, il est nécessaire d’engager un long travail de persuasion. Celui-ci doit être destiné à nos confères d’autres disciplines, mais surtout et avant tout orienté vers la société. En effet, il est irréaliste d’espérer susciter un fort enthousiasme de la part de ses confères d’autres disciplines, si la problématique n’a pas déjà infusé dans la société.
Au crédit des aspects positifs, j'identifie : la satisfaction d’aborder des problématiques globales faisant sens pour la société, et devant contribuer à sa durabilité ; l’acquisition d’une plus grande ouverture d’esprit au contact d’autres disciplines.
Au crédit des aspects négatifs, j'identifie : un travail de persuasion long et parfois frustrant ; un sentiment de perte de temps pouvant émerger ; la difficile valorisation des efforts engagés, qui souvent divertissent de travaux valorisables ; la faible propension de la plupart des chercheurs à s’engager dans ce type de démarche, à la fois pour les éléments précédents, mais également par confort thématique qui favorise l’entre soi ; la structuration en UMR qui, à ce niveau d’animation et de structuration de la recherche, n’a pas les outils pour stimuler ce type d’approche.
En résumé, s’engager dans des approches multi, pluri, interdisciplinaires peut se transformer en chemin de croix pour le porteur, qui peut se retrouver piégé sur les chemins avec son bâton de pèlerin.
Les compétences étant ailleurs, il faut aller les chercher, convaincre ses confères d'autres disciplines qu'une synergie est à la fois possible et souhaitable, afin que la problématique soit abordée efficacement dans sa complexité.
Si la problématique est déjà sur le devant de la scène, et que la société crie à l’urgence devant l’évidence (noter que la société réagit souvent par peur, face à des crises évidentes et facilement vendable médiatiquement), alors les robinets du financement sont ouverts, ce qui facilite grandement le montage d’un consortium multi, pluri, interdisciplinaire. Après tout, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Les troupes peuvent ainsi se réunir assez facilement sous la bannière de quelques mots clefs qui résonnent. Par contre, dans cette configuration, chacun essayant de se positionner sur ces thématiques porteuses, la compétition peut devenir féroce, et contre-productive.
Par contre, pour les problématiques moins « spectaculaires », ou émergentes, il est nécessaire d’engager un long travail de persuasion. Celui-ci doit être destiné à nos confères d’autres disciplines, mais surtout et avant tout orienté vers la société. En effet, il est irréaliste d’espérer susciter un fort enthousiasme de la part de ses confères d’autres disciplines, si la problématique n’a pas déjà infusé dans la société.
Au crédit des aspects positifs, j'identifie : la satisfaction d’aborder des problématiques globales faisant sens pour la société, et devant contribuer à sa durabilité ; l’acquisition d’une plus grande ouverture d’esprit au contact d’autres disciplines.
Au crédit des aspects négatifs, j'identifie : un travail de persuasion long et parfois frustrant ; un sentiment de perte de temps pouvant émerger ; la difficile valorisation des efforts engagés, qui souvent divertissent de travaux valorisables ; la faible propension de la plupart des chercheurs à s’engager dans ce type de démarche, à la fois pour les éléments précédents, mais également par confort thématique qui favorise l’entre soi ; la structuration en UMR qui, à ce niveau d’animation et de structuration de la recherche, n’a pas les outils pour stimuler ce type d’approche.
En résumé, s’engager dans des approches multi, pluri, interdisciplinaires peut se transformer en chemin de croix pour le porteur, qui peut se retrouver piégé sur les chemins avec son bâton de pèlerin.
Quels sont pour vous les freins aux démarches interdisciplinaires que l’on doit dépasser à l’IRD
Les freins sont liés aux aspects négatifs décrits ci-dessus. A mon avis, pour lever ces freins, il faudrait :
Trouver un levier pour valoriser ceux qui s’engagent dans ces démarches, ceci afin d’éviter la perte de motivation de ceux qui s’y sont engagés, et pour susciter des vocations de la part de ceux que la prudence incite à ne pas dépasser les frontières de leurs disciplines.
Identifier les problématiques porteuses selon une approche top-down. En effet, l’approche bottom-up, qui me semble être celle qui a prévalu jusqu’à présent, résulte trop souvent par le montage de grands programmes à partir d’un patchwork d’initiatives individuelles. Ceci fait émerger des programmes difficilement opérationnels car les acteurs arrivent tous avec leurs propres questionnements et priorités géographiques. Cela revient à monter une armée mexicaine, que l’on parque derrière une jolie façade repeinte aux couleurs d’un programme dont personne ne comprend les objectifs.
Développer les outils incitatifs. L’outil GDRI-Sud me semble être un format adéquat pour stimuler les démarches interdisciplinaires, car il permet de définir les problématiques porteuses, et d’aboutir à la formation de programme opérationnels. Toutefois, à mon avis, cet outil devrait être doté d’un financement incitatif plus ambitieux.
Trouver un levier pour valoriser ceux qui s’engagent dans ces démarches, ceci afin d’éviter la perte de motivation de ceux qui s’y sont engagés, et pour susciter des vocations de la part de ceux que la prudence incite à ne pas dépasser les frontières de leurs disciplines.
Identifier les problématiques porteuses selon une approche top-down. En effet, l’approche bottom-up, qui me semble être celle qui a prévalu jusqu’à présent, résulte trop souvent par le montage de grands programmes à partir d’un patchwork d’initiatives individuelles. Ceci fait émerger des programmes difficilement opérationnels car les acteurs arrivent tous avec leurs propres questionnements et priorités géographiques. Cela revient à monter une armée mexicaine, que l’on parque derrière une jolie façade repeinte aux couleurs d’un programme dont personne ne comprend les objectifs.
Développer les outils incitatifs. L’outil GDRI-Sud me semble être un format adéquat pour stimuler les démarches interdisciplinaires, car il permet de définir les problématiques porteuses, et d’aboutir à la formation de programme opérationnels. Toutefois, à mon avis, cet outil devrait être doté d’un financement incitatif plus ambitieux.
Quels sont pour vous les enjeux de l’approche Sustainability Science dans les activités de l’IRD
L’IRD a vécu de nombreuses transformations quant à ses missions, depuis sa création et au gré des changements de noms, cela en fonction des enjeux de l’époque, tant géopolitiques que scientifiques. Ce parcours a permis à l’IRD d’acquérir une expérience sans égale sur les enjeux globaux et de tisser un partenariat global. Ce positionnement, qui me semble tout à fait unique au niveau mondial (ce qui est souvent reconnu par nos partenaires), devrait lui permettre d’occuper une place clef dans la « Sustainability Science ». Alors que le rôle que peut et doit jouer l’IRD dans la « Sustainability Science », semble à la fois évident et légitime, compte tenu de son expérience, des thématiques abordées, et de son partenariat au Sud, je pense qu’à l’heure de la recomposition du paysage français de la recherche, les enjeux d’un positionnement clair et engagé de l’IRD dans la « Sustainability Science » seraient également le meilleur (voire l’unique) moyen pour l’IRD de confirmer sa différence en assurant la continuité d’une science pour le développement.
Quels sont pour vous les pièges de l’approche Sustainability Science dans les activités de l’IRD
Comme tous les courants scientifiques qui ont pu à un moment ou un autre dominer une époque, et orienter la science vers une voie définie parfois hors de logiques uniquement scientifiques, est de fermer des fenêtres de créativité. L’approche « Sustainability Science » qui est motivée, voire même dirigée par la société et ses peurs, risque à son tour de stériliser des initiatives créatives qui sans être directement liées à la durabilité des écosystèmes et des sociétés, pourraient toutefois apporter leur pierre à l’édifice. Il me semble important de faire en sorte qu’un engagement dans la « Sustainability Science » laisse des degrés de liberté en dehors.
Par ailleurs, la « Sustainability Science » pouvant être investie et revendiquée par tous les organismes de recherche, il me semble important que l’IRD se distingue en réaffirmant son implication avec et pour les pays en développement. Pour l’IRD cela devrait être « Sustainability Science for Development », au risque d’être illisible.
Par ailleurs, la « Sustainability Science » pouvant être investie et revendiquée par tous les organismes de recherche, il me semble important que l’IRD se distingue en réaffirmant son implication avec et pour les pays en développement. Pour l’IRD cela devrait être « Sustainability Science for Development », au risque d’être illisible.
Pour vous ce séminaire serait une réussite si
Si un consensus émergeait sur les actions à mener pour stimuler les approches multi, pluri, interdisciplinaire, et si ce séminaire permettait de convaincre des chercheurs de s'engager dans cette voie, parfois ingrate.
De nombreuses contributions mettent l'accent sur la nécessité de favoriser les rencontres afin de faire émerger des programmes multidisciplinaires. Une façon de procéder ne serait elle pas d'ouvrir un espace de discussion dédié sur une plate forme d'échange de l'IRD, où nous pourrions partager des idées d'initiatives ?
De nombreuses contributions mettent l'accent sur la nécessité de favoriser les rencontres afin de faire émerger des programmes multidisciplinaires. Une façon de procéder ne serait elle pas d'ouvrir un espace de discussion dédié sur une plate forme d'échange de l'IRD, où nous pourrions partager des idées d'initiatives ?
Se connecter pour commenter.
Commentaires