Sandrine ANQUETIN

Nom de l'UMR ou de la structure Institut des Géosciences de l'Environnement (IGE; CNRS-IRD-UGA-G-INP)
Ma fonction et/ou mon métier et/ou mon sujet de recherche Directrice de Recherche, CNRS; Membre de la CSS5-IRD; Membre du LMI NEXUS "Climat-Eau-Energie-Agriculture et Services climatiques" (Dir. A. Kobéa, UFHB, Côte d'Ivoire; A. Diedhiou, IGE) **Hydroclimatologue** de discipline de "base". Je m'intéresse à la **compréhension des interactions Climat - Environnement - Société** notamment autour des questions des **risques hydroclimatiques** (Méditerranée; Afrique de l'Ouest). Une des originalités de ces recherches concerne l'intégration de la composante sociale dans l'étude des événements hydrométéorologiques extrêmes. Ces recherches, menées au sein de l'équipe "Hydrométéorologie, Climat et Interaction avec les Sociétés" de l’IGE et en étroite collaboration avec le laboratoire PACTE, ont montré que la vulnérabilité sociale face aux événements hydro-climatiques extrêmes n'est pas égale à toutes les échelles spatiales et temporelles, nous conduisant ainsi à développer le concept de **vulnérabilité dynamique**. Avec Sandra Lavorel (Ecologue, LECA), Nicolas Buclet (Economiste, PACTE), je co-porte le projet CDP [[https://trajectories.univ-grenoble-alpes.fr/ Trajectories ]]qui vise à établir les trajectoires des socio-écosystèmes de montagne dans un contexte de climat évolutant (1850 - 2050) et de comprendre leurs co-évolutions, leurs éventuels points de bascule. Ce projet est fondamentalement interdisciplinaire (Historien; Sociologue; Economiste; Géographe; Ecologue; Hydrologue; Hydroclimatologue; Glaciologue; Climatologue) et inscrit sa démarche en interaction avec les acteurs de 3 territoires alpins (Pays de la Meije, Vallée de l'Arve, Vallée de la Maurienne). Depuis 2012, je co-anime la **structure interface Science-Société [[https://plateforme-ouranos.fr/ Ouranos-AuRA]]** qui a pour objectif de rapprocher la communauté académique avec celle des acteurs territoriaux autour des questions liées à l'impact du changement climatique. C'est à travers ces différentes actions, que j'ai pris conscience que les résultats scientifiques de la communauté scientifique internationale nécessitent une phase de traduction avant d'être explicitement intégrés dans la mise en place d'actions d'atténuation, d'anticipation et d'adaptation aux effets liés aux évolutions climatiques. J'ai également mesuré le chemin à parcourir pour que les sphères académiques et des acteurs territoriaux puissent se retrouver pour répondre à leurs missions respectives. Je me suis enfin nourrie de ces échanges pour faire évoluer ma démarche scientifique, où je m'attache depuis plusieurs années à mener conjointement des approches "bottom-up" et "top-down" pour mieux comprendre la vulnérabilité des populations face aux aléas hydro-climatiques.
Code postal 38400
Ville SAINT MARTIN D'HèRES
Votre thème d'atelier préféré Ressources renouvelables
Quels sont vos retours d’expériences sur des démarches multi, pluri, interdisciplinaires et partenariales (non académiques) : positifs, négatifs, atouts Depuis une dizaine d’années, l’équipe « Hydrométéorologie, Climat et Interactions avec les sociétés » de l’ex-LTHE et aujourd’hui de l’IGE à Grenoble, s’attache à promouvoir dans sa démarche scientifique une approche « bottom-up » c’est-à-dire mettre en problématique scientifique des besoins recueillis auprès des acteurs des socio-écosystèmes (e.g. gestionnaires de bassins et/ou de barrages ; métropoles ; assureurs ; électriciens ; collectivités territoriales, qu’ils soient « au Nord comme au Sud »). Cette démarche s’est progressivement construite i) en élaborant des outils communs Sciences du Climat – Sciences humaines et sociales (e.g. stratégie d’observation socio-hydrométéorologique ; usage d’un schéma espace-temps) et ii) en développant la structure d’intermédiation science-société, Ouranos-AuRA, sur les questions d’adaptation aux changements climatiques, dans un premier temps au sein du GIS Enirhonalp (dont l’IRD était partenaire) et depuis 2019 au sein du site grenoblois. De ces expériences :
- points positifs d’une recherche interdisciplinaire (recherche menée « uniquement » dans le cadre académique) : formulation de questions scientifiques originales, en dehors des « main stream » notamment dans notre discipline sur les sciences du climat ; ouverture disciplinaire (SHS : sociologie, psychologie, histoire, économie ; Sciences du vivant : écologie, biodiversité) qui permet de mettre en place des nouvelles offres de formations ;
- points positifs d’une recherche transdisciplinaire (recherche menée dans une démarche interdisciplinaire en synergie avec les acteurs non académiques, c’est-à-dire où la thématique de recherche est issue d’une co-construction entre les 2 sphères) : contribution à l’ancrage des ODD dans une démarche multi-acteurs (académique ; socio-économique) ; diversification des sources de financement ; apporter du « sens » à la science qui est menée ; partage des savoirs académiques et non académiques ;

- points négatifs d’une recherche interdisciplinaire : nos organismes reconnaissent difficilement le temps nécessaire pour mener à bien ce type de démarche, conduisant à des ralentissements dans les carrières des personnels impliqués, des recrutements difficiles à avoir ; les formations initiales sont très peu nombreuses, conduisant à une part non négligeable du temps de thèse par exemple à former sur ces aspects ; la valorisation des travaux reste encore trop ancrée dans une démarche disciplinaire (peu de journaux interdisciplinaires ; pas ou peu d’ED reconnaissant ce type d’approche notamment via un co-encadrement avec 2 directeurs.trices de 2 ED différentes) ;
- points négatifs d’une recherche transdisciplinaire : temps consacré à connaître la sphère non académique ; rôle de l’acteur politique au regard de l’acteur « technique » des services avec lesquels on mène des recherches transdisciplinaires ; échelle de temps différente entre les sphère académique et non académique ;
Quels sont pour vous les freins aux démarches interdisciplinaires que l’on doit dépasser à l’IRD - organisation des structures académiques des partenaires au Sud où il n’est pas direct d’identifier les scientifiques pour mener à bien ces recherches (d’où l’intérêt des outils JEAI et/ou LMI) ;
- comme « au Nord », un manque de savoir-faire pour mener à bien ce type de recherche ; l’idée de promouvoir ce renforcement de capacité via des formations initiales et/ou continues (école d’été) doit être accompagnée au mieux par l’IRD ;
- rôle du politique, souvent plus présent au Sud qu’au Nord, pas facile à gérer ;
Quels sont pour vous les enjeux de l’approche Sustainability Science dans les activités de l’IRD - décliner les ODD avec des termes scientifiques pour un ancrage durable des solutions qui seront proposées ;
- renforcement des capacités mais également un partage Sud <-> Nord des expertises dans la mesure où les enjeux de la zone intertropicale sont sur des temporalités d’ores et déjà en route ;
Quels sont pour vous les pièges de l’approche Sustainability Science dans les activités de l’IRD - décliner des solutions « Nord » c’est-à-dire ne pas suffisamment ancrer la démarche dans une approche « bottom-up » ;
- être guider (manipuler ?) par les politiques qui n’ont pas forcément l’objectivité nécessaire ;
Pour vous ce séminaire serait une réussite si - connaissance et partage des actions en cours et/ou des équipes mobilisées actuellement dans cette démarche ;